L’Afrique en marche.
Écouter. Comprendre. Agir.
Accueil > Actualités > Ce que l’Afrique peut retenir de la COP27

Publié le 28 novembre 2022 / Environnement

Ce que l’Afrique peut retenir de la COP27

20221128-ConclusionsCOP27

La COP27, annoncée comme une rencontre dédiée à la mise en œuvre, a failli ne pas répondre à sa promesse. Grâce à la ténacité des négociateurs africains, c’est au terme d’un bras de fer diplomatique tenté par les pays les plus vulnérables que la conférence s’est conclue sur un accord sur de nouveaux mécanismes financiers présents promis depuis des décennies. Voici ce que l’on peut retenir d’un point de vue africain.

Légende : S.E. Macky Sall, Président de la République du Sénégal et de l’Union africaine, et António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, lors de la COP27, © United Nations Climate Change Conference.

Résultats de la COP27 pour les pays africains

La 27e session de la Conférence des Parties (COP27), dite de l’implémentation, s’est terminée le 19 novembre 2022 à Charm el-Cheikh en Égypte. La conférence était tenue sur le continent africain, continent le plus vulnérable aux effets néfastes du changement climatique. Les effets enregistrés sont disproportionnés puisque l’Afrique compte environ 17 % de la population mondiale mais ne contribue qu’à 4 % des émissions de gaz à effet de serre. Selon le dernier rapport du think tank australien « Institute for Economics and Peace », des 8 pays les plus à risque au niveau mondial face à la menace écologique, 7 se trouvent en Afrique subsaharienne. [1]

 

Pour les délégations africaines, et l’ensemble des 45,000 participants, cette conférence revêtait donc un enjeu crucial, notamment pour faire face aux dommages humains et matériels infligés par le changement climatique. En Afrique centrale, où se trouve le deuxième plus grand massif tropical forestier de la planète et d’importantes réserves de matériaux indispensables à l’économie numérique, il était question de préserver les forêts du bassin du Congo, en proie à la déforestation. L’écosystème du bassin forestier à une fonction cruciale dans le cycle du carbone, et par conséquent, dans l’équilibre climatique planétaire. Son écosystème est notamment composé de tourbières qui séquestrent environ 29 milliards de tonnes de CO₂ (Mt CO₂)[2], soit presque l’équivalent des émissions mondiales en 2021, égales à 37,9 Mt CO₂. [3]

Légende : Entretien de Richard Amalvy, DG de la Fondation Brazzaville, lors de la COP27, © La Voix de l’Environnement.

Un accord trilatéral pour les grandes forêts tropicales

La République Démocratique du Congo (RDC) est directement concernée car 60 % des forêts du bassin se trouvent sur leur territoire. Consciente de son potentiel à atténuer les effets du changement climatique, la RDC s’est repositionnée comme un « pays solution », ambitieux et visionnaire, souhait « quitter l’étape des intentions », comme l’a mentionné Eve Bazaïba, vice- premier ministre et ministre de l’Environnement de la RDC, en amont de la COP27. Annonciatrice dès la pre-COP27 à Kinshasa en début octobre, la RDC a poursuivi son action en marge du sommet du G20 à Bali, en signant un accord avec le Brésil et l’Indonésie pour valoriser les ressources forestières de trois pays du Sud qui représentent plus de la moitié des forêts tropicales au monde.

La République Démocratique du Congo (RDC) est directement concernée car 60 % des forêts du bassin se trouvent sur leur territoire. Consciente de son potentiel à atténuer les effets du changement climatique, la RDC s’est repositionnée comme un « pays solution », ambitieux et visionnaire, souhait « quitter l’étape des intentions », comme l’a mentionné Eve Bazaïba, vice- premier ministre et ministre de l’Environnement de la RDC, en amont de la COP27. Annonciatrice dès la pre-COP27 à Kinshasa en début octobre, la RDC a poursuivi son action en marge du sommet du G20 à Bali, en signant un accord avec le Brésil et l’Indonésie pour valoriser les ressources forestières de trois pays du Sud qui représentent plus de la moitié des forêts tropicales au monde.

Légende : S.E. Macky Sall, Président de la République du Sénégal et de l’Union africaine, et António Guterres, Secrétaire général des Nations unies, lors de la COP27, © United Nations Climate Change Conference.

Une synergie prometteuse entre les trois commissions climat africaines

Au niveau continental, les commissions climats régionales ont été mises en avant lors de la COP27. En 2016, l’Afrique avait déjà affiché ses ambitions climatiques lors de la dernière COP accueillie sur le continent, à Marrakech, lorsque le roi Mohamed VI avait annoncé la création de trois commissions climat, à l’occasion du Premier Sommet Africain de l’Action pour une co-émergence continentale. [4]

 

Six ans plus tard, le 9 novembre 2022, la Commission Climat du Bassin du Congo (CCBC), l’une des trois entités créées, coordonnée par la Ministre Soudan Nonault du Congo, organisait un événement parallèle de haut-niveau sur son pavillon. [5] L’événement était présidé par SAR la Princesse Lalla Hasnaa du Maroc, et a rassemblé les représentants des 16 pays membres de la CCBC ainsi que des partenaires techniques et financiers majeurs (PTF), tels que la Banque Mondiale, le Programme de Développement des Nations Unies (PNUD), le 4C Maroc ainsi que la Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC). La Fondation Brazzaville était présente parmi les PTF. Le Directeur général , Richard Amalvy, représentait son président, Jean-Yves Ollivier, par ailleurs ambassadeur de bonne volonté du Fonds bleu.

 

Une autre réunion à très haut-niveau a réuni les trois commissions climat, en vue de créer des synergies entre les pays du bassin du Congo, les états insulaires et les pays du Sahel. Le communiqué final a révélé l’intention des pays concernés de créer un mécanisme pour lier ces organisations régionales de manière à aligner le plaidoyer et peser davantage dans les négociations auprès des potentiels organismes financiers.[6]

La question des pertes et dommages

La décision -/CP.27 « Plan de mise en œuvre de Charm el-Cheikh »,[7] négociée dans les dernières heures de la conférence, comprend un accord historique portant sur la création d’un fonds sur les pertes et préjudices concédés par les pays les plus vulnérables. Ce fonds pourrait fournir un financement des pertes et préjudices à de nombreux pays africains, particulièrement touchés par les catastrophes climatiques. Pour cela, le communiqué mentionne le caractère complémentaire du renforcement des capacités et du transfert technologique pour optimiser l’efficacité des soutiens financiers. Jusqu’à la COP28 à Dubaï, le « comité de transition » aura la charge de produire les recommandations pour rendre ces mécanismes de financement opérationnels. Enfin, les pays industrialisés ont également réitéré leur engagement à limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à 1,5 ℃ au-dessus des niveaux préindustriels. [8]